Constitutive des cultures méditerranéennes, la cuisine des produits de la mer est confrontée aujourd’hui à un double enjeu. Ses lendemains apparaissent incertains, en raison d’un épuisement des richesses trophiques qui bouleverse le fonctionnement des écosystèmes. Les effets du changement global modifient, par ailleurs, la répartition des espèces disponibles à l’échelle de l’océan Face aux défis posés à nos marchés alimentaires, plusieurs pistes de réflexion peuvent être évoquées. La première réside indéniablement dans une diversification de notre consommation des produits de la mer, et dans la redécouverte d’espèces négligées au cours du XXe siècle. La seconde relève d’une utilisation des espèces invasives, devenues majoritaires dans les tonnages de pêche de nombreux États du bassin oriental de la Méditerranée l’instar du poisson lapin ou du crabe bleu. Ce dernier aspect renvoie évidemment à celui d’un contrôle démocratique de la richesse, c’est-à-dire d’un maintien des flottilles de pêche artisanale, qui par leur polyvalence détiennent sans doute les clefs du développement de demain. Alors que l’histoire de l’alimentation méditerranéenne a été, depuis 2000 ans, l’histoire d’une adaptation constante à des produits venus d’ailleurs, la thématique des richesses de la mer interroge plus généralement sur l’existence d’une « identité culinaire méditerranéenne », souvent affirmée, mais dont l’existence n’est pas démontrée dans les sources historiques. Ce qui est certain, c’est qu’il existe une interdépendance entre l’état des ressources et notre assiette. Les questions de biodiversité et d’alimentation sont étroitement liées, culturellement et pour la préservation des ressources.

Intervenants

  • Daniel Faget, Aix-Marseille Université, TELEMMe (Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionale, Méditerranée), CNRS, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Aix-en-Provence
  • Christian Qui, Chef du restaurant Bouillabaisse Turfu
  • Sandrine Ruitton, Enseignante-chercheuse AMU en écologie marine au MIO

À propos de l’OSU Institut Pythéas : 

L’Observatoire des Sciences de l’Univers (OSU) Institut Pythéas est un des 25 OSU impulsés par l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU) du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Outre le CNRS, il a pour autres tutelles Aix-Marseille Université, dont il est une composante, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE). Ses grandes missions sont de contribuer à l’enrichissement des connaissances, de valoriser les recherches de ses équipes, de participer à la formation universitaire et au partage de la culture scientifique. Il fédère une unité d’appui et de recherche et six laboratoires dans les domaines des sciences de l’Univers, de la Terre. Près de 1200 personnes y travaillent réparties sur une douzaine de sites en Provence.

À propos de Bleu Tomate : 

Créé en 2015, Bleu Tomate regroupe une agence d’information, un département de médiation scientifique et un média de proximité dédié à la transition écologique en Provence. Sa vocation est de mettre en lumière les acteurs du territoire qui privilégient la naturalité, l’agroécologie, l’éco-tourisme, la biodiversité… Organisés en Société Coopérative d’Intérêt Collectif depuis 2023, l’ensemble des coopérateurs de Bleu Tomate entendent éclairer, faciliter et concrétiser la redirection écologique des territoires en Provence et en Méditerranée.