Le plus grand programme de cartographie de l’Univers en 3 dimensions utilisant les télescopes de l’ESO vient d’atteindre la moitié de son objectif, et présente d’ores et déjà la carte la plus détaillée jamais produite. Cette cartographie a été menée par une équipe internationale d’astronomes à laquelle participent plusieurs chercheurs du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (AMU,CNRS/ Institut Pythéas). Ces chercheurs ont mesuré les distances de 55000 galaxies avec l’instrument VIMOS 1 sur le très grand télescope VLT de l’Observatoire Européen Austral (ESO) dans le cadre du grand relevé VIPERS 2. Cela a permis de produire une vue remarquable de la distribution à 3-dimensions des galaxies alors que l’Univers n’avait que la moitié de son âge actuel, environ 7 milliards d’années, révélant les détails de la toile cosmique, la structure à grande échelle de l’Univers.

 

La toile cosmique permet de tester les théories de formation et d’évolution de l’Univers, à la recherche des propriétés de la mystérieuse énergie noire qui accélère l’expansion de l’Univers. Cartographier les grandes structures avec le temps, permet aussi de vérifier si la théorie de la Relativité Générale d’Einstein est valide à ces grandes échelles, ou s’il est nécessaire de la modifier. Le relevé VIPERS produit aujourd’hui la carte la plus détaillée de l’Univers tel qu’il était il y a 7 milliards d’années, une époque au cours de laquelle on pense que l’Univers est devenu dominé par l’énergie noire. VIPERS n’en est qu’à la moitié de son programme, mais les résultats annoncés sont très enthousiasmants. En particulier avec la première mesure du taux de croissance des structures à un décalage vers le rouge de 1, en accord avec la Relativité Générale, et un recensement précis du nombre de galaxies massives à cette époque. Avec cette première étape, l’équipe VIPERS soumet cette semaine les 7 premiers articles pour publication dans les revues scientifiques, dont deux ont des premiers auteurs français. Les données de VIPERS sont publiques, le premier catalogue de distances sera mis à disposition de la communauté internationale en septembre de cette année. La France est très active dans cette collaboration avec les équipes du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM), du Centre de Physique des Particules (CPT) et de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP). VIMOS, qui est en opération depuis plus de 10 ans, est également l’un des instruments les plus productifs du VLT. Il est aussi à noter que les outils logiciels associés utilisés pour VIPERS ont été développés sous responsabilité française.

1. La lumière de chaque galaxie est dispersée en ses couleurs avec VIMOS, ce qui permet de mesurer leur vitesse d’éloignement, le « redshift » ou décalage vers le rouge lié à l’expansion de l’Univers. La distance en est déduite, ce qui permet, en combinaison avec la position sur le ciel, de positionner les galaxies observées dans une carte de l’Univers à 3 dimensions. Le LAM a été le coordinateur du consortium d’instituts européens qui a construit VIMOS (VIsible Multi-Object Spectrograph) pour le VLT de l’ESO. VIMOS a été financé par l’ESO, le CNRS (INSU) et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en France, et par le CNR, l’INAF et le ministère de l’éducation en Italie.
2. VIPERS est l’acronyme pour VIMOS Public Extragalactic Redshift Survey, plus d’informations : http://vipers.inaf.it/