Repérer et capturer des flashs de lumière de quelques secondes apparaissant aléatoirement dans le ciel, telle est la prouesse accomplie par le télescope terrestre COLIBRI. Conçu dans le cadre de la mission spatiale SVOM1 dont l’objectif est de rechercher et d’étudier les sursauts gamma, il constitue un instrument unique au monde pour tenter de répondre à de nombreuses questions relevant de l’étude de phénomènes astronomiques transitoires2 (identification des objets astrophysiques à l’origine des ondes gravitationnelles ou des sources de neutrinos cosmiques de hautes énergies par exemple), ainsi que pour comprendre l’enfance de l’univers (identification de la première génération d’étoiles et étude des premières galaxies notamment).

Haut de 4 mètres pour un poids de 8 tonnes, COLIBRI est en effet capable de pointer vers n’importe quelle région du ciel en moins de 20 secondes. Il dispose d’un miroir collecteur d’1,30 mètre de diamètre et de trois caméras permettant de réaliser simultanément des observations relevant du domaine du visible et de l’infrarouge. En tant que télescope robotisé, il effectue des observations et relevés sans intervention humaine à partir d’un programme d’observation, ce qui augmente d’avantage sa réactivité et diminue les coûts de fonctionnement.

Débutée en 2016, la conception du télescope COLIBRI a impliqué près de 120 personnes et a été dirigée par des scientifiques du Laboratoire d’astrophysique de Marseille (Aix-Marseille Université/CNES/CNRS), de l’Institut Pytheas (Aix-Marseille Université/CNRS/INRAE/IRD), ainsi que de l’Institut d’astronomie de l’UNAM. Des scientifiques du Centre de physique des particules de Marseille (Aix-Marseille Université/CNRS) et de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNES/CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) ont également participé à ce projet3. Il constitue à ce jour la seule infrastructure de recherche en astrophysique commune à la France et au Mexique et s’inscrit dans la lignée d’une longue tradition de collaboration entre les deux pays, récemment consolidée sous la forme d’un International Research Project4.

Le télescope a été entièrement assemblé à l’Observatoire de Haute-Provence et ses performances évaluées sur le ciel pendant plus d’un an avant d’être expédié au Mexique. COLIBRI est installé à l’Observatoire astronomique national de San Pedro Mártir au Mexique, où il a été inauguré le 7 septembre et a livré ses premières images.

Télescope terrestre COLIBRI dans sa coupole. Ses performances, mêlant à la fois une très bonne sensibilité, une remarquable rapidité et une couverture des longueurs d'onde allant du visible au proche infrarouge, sont uniques au niveau international. Ainsi, le télescope et sa coupole peuvent se mouvoir en direction de n’importe quelle zone du ciel en moins de 20 secondes, ce qui fait de COLIBRI le télescope le plus rapide de sa catégorie.
Télescope terrestre COLIBRI dans sa coupole. Ses performances, mêlant à la fois une très bonne sensibilité, une remarquable rapidité et une couverture des longueurs d’onde allant du visible au proche infrarouge, sont uniques au niveau international. Ainsi, le télescope et sa coupole peuvent se mouvoir en direction de n’importe quelle zone du ciel en moins de 20 secondes, ce qui fait de COLIBRI le télescope le plus rapide de sa catégorie.
© COLIBRI&A. Watson, UNAM
La toute première image acquise par COLIBRI, l’amas globulaire M13 situé dans la constellation d’Hercules. En seulement 30 secondes, il est facilement  possible de distinguer les dizaines de milliers d’étoiles que composent cet amas situé à environ 28 400 années-lumière.
La toute première image acquise par COLIBRI, l’amas globulaire M13 situé dans la constellation d’Hercules. En seulement 30 secondes, il est facilement possible de distinguer les dizaines de milliers d’étoiles que composent cet amas situé à environ 28 400 années-lumière.
©COLIBRI&A. Watson, UNAM

1. La mission spatiale franco-chinoise SVOM consacrée notamment à la détection et à l’étude des plus lointaines explosions ou fusions d’étoiles, baptisées sursauts gamma, a été lancée avec succès le 22 juin 2024 par le lanceur chinois Longue Marche 2C, depuis la base de lancement de Xichang, en Chine. Prévue pour une durée d’au moins trois ans, elle est le fruit d’une collaboration des deux agences spatiales nationales, la China National Space Administration (CNSA) et le Centre national d’études Spatiales (CNES) avec les contributions principales du CEA et du CNRS pour la France.
2. Les évènements astronomiques transitoires sont des évènements d’une durée brève à l’échelle des temps cosmiques, allant de quelques secondes à quelques heures. Ils sont associés à des explosions cosmiques puissantes, sources de précieuses informations sur l’histoire de l’Univers et de ses composants. L’astronomie des phénomènes transitoires constitue ainsi aujourd’hui un champ d’étude prioritaire pour la communauté scientifique nationale et internationale.
3. Le CEA l’a également soutenu.
4. Un International Research Project (IRP) est un dispositif de recherche collaborative entre un ou plusieurs laboratoires du CNRS en France et un ou deux laboratoires de pays étrangers. Il vise à renforcer un projet de recherche déjà établis à l’international en simplifiant les procédures administratives entre les partenaires français et étrangers.