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Ressources – OSU Institut Pytheas

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Paléontologie

50ème anniversaire de la découverte de Lucy – par Raymonde Bonnefille

2 décembre 2024 by osuadmin

Cette découverte a ouvert la voie aux multiples recherches et prospections de terrain qui enrichissent encore aujourd’hui les connaissances sur l’évolution de nos ancêtres. Depuis, des progrès considérables ont eu lieu, de nouveaux restes fossiles appartenant à plusieurs espèces d’homininés (Australopithèques inclus) ayant été trouvés dans le Rift de l’Éthiopie.

Entre 1966 à 1973, un gisement fossilifère du Sud de l’Ethiopie, dans la basse vallée de l’Omo, près de la frontière du Kenya est l’objet de prospections par des équipes multidisciplinaires internationales. Yves Coppens y dirige la grande expédition paléontologique française conjointe à deux expéditions anglaise et américaine. Des restes fossiles d’hominidés ont été trouvés, dispersés, dents, fragments osseux et crânes (à l’Est Turkana). Ils indiquent la présence d’Australopithèques dans l’hémisphère tropical nord, à partir de 2,5 Ma. Yves Coppens fait connaître et médiatise avec succès l’expédition de l’Omo. A l’aube d’une brillante carrière qui débute au Musée de l’Homme à Paris, il est déjà célèbre lorsque les premiers homininés sont découverts en Afar, et que son talent de conférencier, de communicant et d’auteur fera de « Lucy » un véritable mythe de l’origine de l’Humanité.

Maurice ayant découvert des dépôts sédimentaires importants dans la basse vallée de l’Awash, il a besoin de connaître leur âge, afin d’établir une carte géographique et géologique pour sa thèse. A partir de 1971, Maurice Taieb et Jon Kalb parcourent et prospectent ensemble l’immense territoire des nomades de régions quasi inconnues. Ils découvrent l’étendue des affleurements sédimentaires du Rift et de nombreux gisements fossilifères et d’outils taillés.

En 1971, Maurice Taieb rapporte une mâchoire d’éléphant reconnue par le paléontologue Yves Coppens comme appartenant à une espèce, Elephas recki, caractéristique des strates les plus anciennes du gisement paléontologique de la vallée de l’Omo, qui a été l’objet des premières datations K/Ar.

En Mai 1972, Maurice invite Yves Coppens et Donald Johanson à ’une courte tournée durant laquelle ils atteignent Hadar, L’abondance des ossements fossiles d’animaux de toutes sortes, répandus sur une étendue immense, est à couper le souffle. Au retour dans la capitale Addis-Abeba, ils créent l’IARE (International Afar Research Expedition) qui inclut Raymonde Bonnefille et Jon Kalb.

La première expédition à Hadar a lieu à l’automne 1973. Motivés par le désir de trouver, par la fascination de l’inconnu, et par une entente respectueuse des talents de chacun, l’expédition des quatre doctorants va de l’avant, enthousiaste malgré des difficultés. En décembre 1973, Donald Johanson localise les ossements correspondant à l’articulation du genou d’un Australopithèque debout.

A partir de cette première découverte, l’intérêt scientifique, vite compris aux Etats-Unis, et les nombreuses conférences permettent à Donald Johanson, un financement conséquent pour la poursuite des prospections

En 1974 l’équipe est étoffée d’autres géologues américains, de préhistoriens et paléontologues français. Elle dispose de moyens matériels plus conséquents, associant des éthiopiens du Musée d’Addis-Abeba. Donald Johanson et Tom Gray repèrent les différentes pièces du squelette de Lucy, dispersées en surface, sur la pente d’une colline à la localité 288. Maurice Taieb aura alors l’aide d’autres géologues pour asseoir l’âge de Lucy à 3.2 Ma…et soutenir sa thèse !

Suivent deux années fructueuses durant lesquelles Maurice dirige et organise les campements. Les prospections s’interrompent à partir de 1978, suite aux changements politiques et administratifs survenus en Éthiopie avec la fin du régime impérial. Elles reprendront en 1990, exclusivement américaines, dirigées par Donald Johanson, puis B. Kimbel, soutenues et financées par « l’Institut of Human Origins ».

Elles continuent jusqu’à aujourd’hui, complétées dans les régions voisines, par celles entreprises par d’autres chercheurs américains et éthiopiens. Depuis un demi-siècle les découvertes multiples dans la zone du Rift en Éthiopie rendent hommage à Maurice Taieb, pionnier et découvreur de cet eldorado des recherches archéologiques et anthropologiques.

Raymonde Bonnefille est paléopalynologue, directrice de recherche CNRS émérite

Classé sous :Paléontologie Balisé avec :Brève

L’ouverture de la végétation dans les paysages européens avant l’Homo Sapiens

15 décembre 2023 by osuadmin

Avant l’arrivée de l’Homo sapiens, le biome de la forêt tempérée était caractérisé par une importante végétation claire et ouverte.

L’étendue de l’ouverture de la végétation dans les paysages européens du passé est largement débattue. En particulier, le biome de la forêt tempérée a traditionnellement été défini comme une forêt dense à couvert fermé. Cependant, certains soutiennent que les grands herbivores ont maintenu une plus grande ouverture, voire des conditions de pâturage boisé.

Nous abordons ici cette question pour la dernière période interglaciaire (entre 129 000 et 116 000 ans), avant le déclin de la mégafaune lié à Homo sapiens et la transformation anthropique du paysage. Nous avons appliqué la méthode de reconstruction de la végétation REVEALS à 96 séries polliniques du dernier interglaciaire.

Nous avons constaté que les forêts claires et la végétation ouverte représentaient, en moyenne, plus de 50 % de la couverture pendant cette période.

Le degré d’ouverture est très variable et n’est que partiellement lié aux facteurs climatiques, ce qui indique l’importance des régimes de perturbations naturelles.

Nos résultats montrent que le biome forestier tempéré était historiquement hétérogène plutôt qu’uniformément dense, ce qui est cohérent avec la dépendance d’une grande partie de la biodiversité européenne actuelle la végétation ouverte et des forêts claires.

Elena A. Pearce12, Florence Mazier3, Signe Normand1245, Ralph Fyfe6, Valérie Andrieu7, Corrie Bakels8, Zofia Balwierz9, Krzysztof Bińka10, Steve Boreham11, Olga K. Borisova12,Anna Brostrom1314, Jacques-Louis de Beaulieu15, Cunhai Gao16, Penélope González-Sampériz17,Wojciech Granoszewski18, Anna Hrynowiecka19, Piotr Kołaczek20, Petr Kuneš21, Donatella Magri22,Małgorzata Malkiewicz23, Tim Mighall24, Alice M. Milner25, Per Möller13, Małgorzata Nita26,Bożena Noryśkiewicz27, Irena Agnieszka Pidek28, Maurice Reille15, Ann-Marie Robertsson29,J. Sakari Salonen30, Patrick Schläfli31, Jeroen Schokker3233, Paolo Scussolini34, Vaida Šeirienė35,Jaqueline Strahl36, Brigitte Urban37, Hanna Winter38, Jens-Christian Svenning124

Publication Science, 15 nov. 2023

1. Center for Ecological Dynamics in a Novel Biosphere (ECONOVO) and Center for Biodiversity Dynamics (BIOCHANGE), Department of Biology, Aarhus University, Ny Munkegade 114, DK-8000 Aarhus C, Denmark.
2. Section for Ecoinformatics and Biodiversity, Department of Biology, Aarhus University, Ny Munkegade 114, DK-8000 Aarhus C, Denmark.
3. Department of Environmental Geography, CNRS UMR GEODE 5602, University Toulouse Jean Jaurès, Toulouse, France.
4. Center for Sustainable Landscapes under Global Change (SustainScapes), Department of Biology, Aarhus University, Ny Munkegade 114, DK-8000 Aarhus C, Denmark.
5. Center for Landscape Research in Sustainable Agricultural Futures, Department of Biology, Aarhus University, Ny Munkegade 114, DK-8000 Aarhus C, Denmark.
6. School of Geography, Earth and Environmental Sciences, University of Plymouth, Plymouth, UK.
7. CEREGE, CNRS, IRD, Europôle de l’Arbois, BP 80, F-13545 Aix-en-Provence, France.
8. Faculty of Archaeology, Leiden University, Einsteinweg 2, 2333 CC, Leiden, Netherlands.
9. Department of Geology and Geomorphology, University of Łódź, Narutowicza 88, 90-139 Łódź, Poland.
10. Faculty of Geology, University of Warsaw, Warsaw, Poland.
11. Department of Geography, University of Cambridge, Cambridge CB2 3EN, UK.
12. Independent researcher, Soloviny str. 4-1-224, 117593, Moscow, Russia.
13. Department of Geology, Lund University, Sölvegatan 12, SE-223 62 Lund, Sweden.
14. Gymnasieskolan Knut Hahn, Blasius Königsgatan 27, 37232 Ronneby, Sweden.
15. Mediterranean Institute of Marine and Terrestrial Biodiversity and Ecology, Aix-Marseille University, Marseille, France.
16. Ontario Geological Survey, 933 Ramsey Lake Road, Sudbury, ON P3E 6B5, Canada.
17. Instituto Pirenaico de Ecología, IPE–CSIC, Avda/Montañana 1005, 50059 Zaragoza, Spain.
18. Polish Geological Institute, National Research Institute, Carpathian Branch, Skrzatów 1, 31-560 Kraków, Poland.
19. Polish Geological Institute – National Research Institute, Marine Geology Branch, ul. Kościerska 5, 80-328 Gdańsk, Poland.
20. Climate Change Ecology Research Unit, Faculty of Geographical and Geological Sciences, Adam Mickiewicz University Poznań, Bogumiła Krygowskiego 10, Poznań 61-680, Poland.
21. Department of Botany, Charles University, Prague, Czechia.
22. Dipartimento di Biologia Ambientale, University of Rome ‘La Sapienza’, Rome, Italy.
23. Laboratory of Paleobotany, Department of Stratigraphical Geology, Institute of Geological Sciences, University of Wroclaw, Cybulskiego 34, 50-205 Wroclaw, Poland.
24. Department of Geography and Environment, School of Geosciences, University of Aberdeen, UK.
25. Department of Geography, Royal Holloway University of London, Egham, UK.
26. Faculty of Natural Sciences, University of Silesia, Będzińska 60, 41-200 Sosnowiec, Poland.
27. Faculty of Earth Sciences and Spatial Management, Nicolaus Copernicus University in Toruń, Lwowska 1, 87-100 Toruń, Poland.
28. Maria Curie-Sklodowska University, Institute of Earth and Environmental Sciences, Al. Krasnicka 2 d, 20-718 Lublin, Poland.
29. Department of Physical Geography and Quaternary Geology, Stockholm University, SE-106 91 Stockholm, Sweden.
30. Department of Geosciences and Geography, University of Helsinki, Helsinki, Finland.
31. Institute of Plant Sciences and Oechger Centre for Climate Change Research, University of Bern, Altenbergrain 21, 3013 Bern, Switzerland.
32. TNO, Geological Survey of the Netherlands, Postbus 80015, 3508 TA, Utrecht, Netherlands.
33. Faculty of Science, Department of Earth Sciences, Vrije Universiteit Amsterdam, Amsterdam, Netherlands.
34. Institute for Environmental Studies, Vrije Universiteit Amsterdam, Amsterdam, Netherlands.
35. Nature Research Centre, Institute of Geology and Geography, Akademijos 2, LT-08412 Vilnius, Lithuania.
36. Landesamt für Bergbau, Geologie und Rohstoffe, Inselstraße 26, 03046 Cottbus, Germany.
37. Leuphana University Lüneburg, Institute of Ecology, Lüneburg, Germany.
38. Polish Geological Institute, 00-975 Warsaw, Poland.

Classé sous :Paléontologie Balisé avec :Communiqué de presse

Florence Sylvestre, chevalier de la légion d’honneur

19 juillet 2023 by osuadmin

De la paléoclimatologie andine à la gestion des eaux sahéliennes

Florence Sylvestre vient d’être promue au grade de chevalier de la Légion d’honneur, en reconnaissance de sa carrière et de son implication dans l’enseignement supérieur et la recherche au Tchad. La chercheuse analyse les diatomées, des algues microscopiques présentes dans tous les milieux aquatiques, pour mieux connaître le climat passé et actuel. Après avoir mené ses recherches en Amérique latine, elle s’installe au Tchad où elle estime les ressources en eau du pays grâce à une approche multidisciplinaire et en partenariat avec les institutions tchadiennes. 
IRD le Mag’ la met à l’honneur dans cet article.

Originaire du Sud-Est de la France, Florence Sylvestre effectue ses études de géologie au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) à Paris. À cette époque, elle rencontre Michel et Simone Servant, deux spécialistes des paléoclimats1 tropicaux à l’IRD (alors Orstom). Ils proposent à la jeune étudiante de s’envoler pour la Bolivie et d’étudier l’évolution hydrologique passée des lacs de l’Altiplano. Ils l’invitent à étudier plus particulièrement les diatomées, microorganismes unicellulaires présents dans tous les milieux aquatiques. Excellents bio-indicateurs2, ces algues renseignent sur la qualité de l’eau et apportent des informations sur l’évolution des milieux aquatiques dans lesquels elles se développent.

Passion diatomées

Durant plusieurs mois, la doctorante travaille sur des archives sédimentaires prélevées dans les lacs de ce plateau situé à plus de 3 600 mètres d’altitude et détaille dans sa thèse, pour la première fois, les variations hydrologiques et climatiques de l’Altiplano au cours des 15 000 dernières années. Le ton est donné, sur les pas de ses « parents scientifiques » comme elle les appelle, Florence Sylvestre consacrera sa carrière à l’étude des paléoclimats tropicaux et aux diatomées.

« Ces microorganismes sont fascinants, leurs squelettes de verre sont très beaux et on en compte plus de 70 000 espèces différentes, souligne-t-elle. Les diatomées sont un outil essentiel pour reconstituer les climats passés mais également analyser la qualité de l’eau. »

Littoraux brésiliens et lacs argentins

De retour en France, Florence Sylvestre est nommée maîtresse de conférence, à seulement 27 ans, à l’université d’Angers. Durant sept années, elle poursuit ses travaux sur l’Altiplano bolivien. Elle étend ses recherches à d’autres environnements de l’Amérique latine, tels que les littoraux brésiliens, guyanais et les lacs argentins. Après une expérience de six mois au Canada où elle étudie l’environnement arctique, elle devient à 35 ans directrice de recherche à l’IRD, au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege).

Isotopes et systèmes lacustres tchadiens

La chercheuse y poursuit son travail sur l’Amérique latine mais s’intéresse dès la fin des années 2000 à l’Afrique et plus particulièrement au lac Tchad. « Tout le monde s’alarmait de sa disparition alors que selon les prédictions du changement climatique, les pluies allaient augmenter au Sahel. J’ai donc lancé un projet de recherches sur ce lac et son bassin versant et j’ai coordonné de nombreuses missions notamment au Tchad. Les résultats sont aujourd’hui confirmés : le lac Tchad n’est pas en train de s’assécher, bien au contraire ! »

Elle y analyse les isotopes stables de l’oxygène des diatomées.

En rejoignant le Cerege, Florence Sylvestre contribue au développement d’une méthodologie novatrice utilisant la composition isotopique3 de l’oxygène des diatomées comme traceur des paramètres climatiques. Elle y inclut des approches de modélisation et d’hydrologie spatiale pour mieux comprendre les systèmes lacustres et leur cycle hydrologique passé et actuel. Son objectif : estimer la ressource en eau des lacs et apporter cette expertise aux institutions locales pour une meilleure gouvernance. Le Tchad des lacs, ouvrage qu’elle a codirigé et publié en 2019 s’ancre dans cette vision et propose d’appréhender de manière multidisciplinaire la trajectoire des zones humides sahéliennes face aux enjeux des changements globaux.

Partenariat local

Après plusieurs missions de longue durée, Florence Sylvestre s’installe en 2020 au Tchad où elle est affectée au département Géologie de l’université de N’Djamena. Représentante de l’IRD au Tchad, où elle est la seule expatriée de l’Institut, elle s’emploie à mettre en place des partenariats et à former des étudiants qui sont aujourd’hui enseignants-chercheurs au sein de leur université.  Elle codirige également le LMI VIABELEAUX avec le Dr Zakinet Dangbet de l’université de N’Djamena. « Seul le lac Tchad était étudié alors qu’il en existe quatre autres de grande dimension et importants pour le développement économique du pays, explique Florence Sylvestre. Grâce au LMI, des étudiants tchadiens partent sur le terrain pour étudier ces lacs en lien avec des chercheurs en sciences humaines, des géologues et des hydrologues. L’objectif est de proposer une approche de gestion intégrée et inclusive des territoires partagée par tous les acteurs locaux. » Enfin, elle s’implique pour la promotion des femmes tchadiennes dans l’Enseignement supérieur et la Recherche au côté de l’ambassade de France.

Après avoir été promue chevalier dans l’ordre national du mérite en 2014, la directrice de recherche est aujourd’hui promue au grade de chevalier de la Légion d’honneur pour son implication dans l’enseignement supérieur et la recherche au Tchad. « C’est certes la reconnaissance de mon travail et de mon implication à faire rayonner les géosciences de l’environnement, mais aussi celle et surtout des avancées de la recherche menées ici avec mes collègues tchadiens au cours de ces dix dernières années », conclut-elle.

 

Source IRD Le Mag’ : https://www.cerege.fr/fr/accueil-cerege/focus-florence-sylvestre-chercheuse-en-paleoclimatologie-au-service-des-populations/

 

1. Climat d’une époque géologique passée.
2. Groupe d’organismes dont la présence ou l’état renseigne sur certaines caractéristiques écologiques d’un écosystème.
3. Proportions des divers isotopes, ou versions, d’un élément chimique.

Classé sous :Climat, Paléontologie Balisé avec :Distinction

De l’origine de la crise forestière en Afrique Centrale il y a 2 600 ans

15 mars 2018 by osuadmin

L’origine de la « crise forestière » qui a commencé il y a environ 3 000 ans et profondément affecté le couvert végétal de l’Afrique Centrale a longtemps été controversée. Une équipe internationale 1 germano-franco-camerounaise regroupant paléoclimatologues, géochimistes et archéologues vient de remettre sur le devant de la scène l’hypothèse de la cause anthropique. Les résultats des analyses effectuées sur des sédiments lacustres en provenance du sud du Cameroun et leur combinaison à des données archéologiques régionales a en effet permis à cette équipe de mettre en évidence que, dans cette région, ces transformations de l’environnement forestier avaient commencé il y a 2 600 ans et n’étaient pas le fruit du changement climatique mais bien celui de la croissance démographique qu’a connue cette région à cette époque.

Les hommes modifient leur environnement naturel pour qu’il leur soit plus favorable, et cela depuis plusieurs millénaires, même dans les régions les plus reculées de la planète. Ces influences précoces sont bien documentées dans la forêt amazonienne. En revanche, l’impact anthropique en Afrique Centrale reste un sujet encore largement débattu, alors que des perturbations majeures s’y sont produites depuis plusieurs millénaires. Il y a plus de 20 ans, l’analyse des sédiments lacustres du Barombi Mbo au Sud Cameroun a révélé que les couches sédimentaires les plus anciennes contiennent principalement des pollens d’arbres reflétant un couvert forestier dense. A l’inverse, les sédiments les plus récents concentrent une proportion significative de pollens de savane : il y a environ 3 000 ans, la forêt primitive dense a ainsi rapidement laissé place à des savanes, modification qui a été suivie par un retour rapide à des forêts. Pendant longtemps, ce changement soudain, baptisé « crise forestière », a été attribué à un changement climatique lié à une diminution de la quantité des précipitations et une accentuation de la saisonnalité. Malgré quelques controverses, l’énigme de l’origine de la crise forestière semblait résolue.

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Lac Barombi Mbo, au sud du Cameroun. Crédit : IRD – Université de Potsdam – Yannick Garcin

Une équipe internationale composée de géochimistes, paléoclimatologues et archéologues suspectait que d’autres causes pouvaient expliquer cette transformation profonde des environnements forestiers. En menant une nouvelle campagne de carottage en 2014 sur le lac Barombi Mbo, ils ont reconstruit de manière indépendante la végétation et le climat de l’époque par l’analyse des isotopes stables des cires cuticulaires des plantes, fossiles moléculaires préservés dans les sédiments. L’équipe a confirmé un changement important de végétation pendant la crise forestière, mais elle a également démontré que celui-ci ne s’accompagnait d’aucun changement des précipitations. Elle précise également la chronologie de cet événement qui aurait débuté sur le bassin du Barombi Mbo il y a 2 600 ans pour s’achever tout aussi rapidement quelques 600 ans plus tard.

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Carottage des sédiments sur le lac Barombi Mbo en 2014 Crédit : IRD – Université de Potsdam – Yannick Garcin

Ainsi si l’existence de la crise forestière est avérée, elle ne saurait s’expliquer par un changement climatique. En revanche, en étudiant plus de 460 sites archéologiques dans la région, des arguments qui laissent penser que les humains sont à l’origine de ces changements environnementaux peuvent être mis en avant. Les vestiges archéologiques de plus de 3 000 ans sont effectivement rares en Afrique Centrale. Autour de 2 600 ans, simultanément à la crise forestière, le nombre de sites archéologiques augmente significativement, suggérant une croissance rapide de la population (probablement liée à l’expansion des populations Bantu en Afrique Centrale). Cette période voit également, dans la région, l’apparition de la culture du millet, de l’exploitation des palmiers à huile et le développement de la métallurgie du fer. La combinaison des données archéologiques régionales et des résultats sur les sédiments du lac démontre de manière convaincante que les humains ont fortement généré des impacts sur les forêts tropicales en Afrique Centrale il y a plusieurs milliers d’années et qu’ils ont laissé des empreintes anthropiques détectables dans les archives géologiques. La crise forestière a été probablement provoquée par la croissance des populations qui se sont installées dans la région et ont dû éclaircir la forêt pour pouvoir cultiver des terres devenues arables, selon un processus similaire à ce que nous observons actuellement dans de nombreuses régions d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie. Cette étude apporte un nouvel éclairage sur la  » crise forestière » en Afrique Centrale. Elle souligne également la capacité des écosystèmes à se régénérer. Quand la pression anthropique a diminué il y a 2 000 ans, les environnements forestiers se sont reconstitués, mais pas nécessairement à l’identique. Ainsi, en Amazonie comme en Afrique, les études de terrain montrent que la présence de certaines espèces témoigne d’activités humaines anciennes.

1. Les laboratoires français impliqués sont Le Centre européen de recherche et d’enseignement de géosciences de l’environnement (CEREGE/PYTHÉAS, CNRS / AMU / IRD / Collège de France), le Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes, environnement (LGL-TPE/OSUL, CNRS / ENS Lyon / Université Claude Bernard), le laboratoire Patrimoines locaux et gouvernance (PALOC, IRD / MNHN), le laboratoire Morphodynamique continentale et côtière (M2C, Université de Caen Normandie / Université de Rouen Normandie / CNRS), le laboratoire Hydrosciences Montpellier (HSM/OREME, CNRS / Université de Montpellier / IRD) et le Laboratoire de Chimie de l’Environnement (LCE, Université Aix-Marseille / CNRS)

Classé sous :Écologie, Environnement, Paléontologie Balisé avec :Communiqué de presse

Fête de la science : Retrouvez le programme des équipes de l’OSU Institut Pythéas

7 octobre 2017 by osuadmin

Du 7 au 15 octobre, la Fête de la Science se déploie dans la France entière et notre région n’est pas en reste.

Dans quatre Villages des Sciences – celui d’Aix-en-Provence, de l’Arbois, de Marseille et de Saint-Michel l’Observatoire – ainsi que dans d’autres villes et villages de Provence, les chercheurs des laboratoires de l’OSU Pythéas donnent plus de 60 rendez-vous aux curieux de science, petits et grands, lors d’ateliers, de conférences, d’expositions, de débats, de visites de sites…

Nos thématiques de prédilection – les sciences de l’Univers, de la Terre et de l’Environnement – s’expriment cette année d’une façon différente. En effet, la réalité augmentée s’invite afin de faire découvrir au public nos univers de recherche sous un angle nouveau, pour rendre la rencontre avec la science encore plus intéressante et intrigante. Autre nouveauté : des pièces issues des collections de l’Observatoire de Marseille.

Classé sous :Biodiversité, Biologie, Chimie, Écologie, Environnement, Océan, Paléontologie, Terre, Univers Balisé avec :Communiqué de presse

Maurice TAIEB, a quitté ce vieux monde le 23 juillet 2021

26 juillet 2021 by osuadmin

Il y a 3,2 millions d’années, LUCY, Australopithecus afarensis, avait 20 ans lorsqu’elle tomba dans les limons qui la fossilisèrent, mais il n’y a pas d’âge pour se sentir orpheline !

En 1969, les missions géologiques pionnières et souvent solitaires de Maurice TAIEB, Chercheur du CNRS 1 dans le Rift Ethiopien le menèrent à la découverte du site fossilifère d’Hadar dans la vallée de l’Awash (dépression de l’Afar).

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Maurice Taieb et Donald Johanson

Maurice y dirigea ensuite plusieurs expéditions interdisciplinaires, dont l’International Afar Research Expedition (IARE) qui en novembre 1974 aboutit à la découverte du premier des 52 fragments du squelette de Lucy (nommée par le titre de la chanson des Beatles, alors écoutée en rengaine par l’équipe au camp de base). Un bassin féminin, un genou démontrant la bipédie et des bras allongés facilitant le grimpé et une mâchoire inférieure avec une molaire peu usée d’adulte de 18-20 ans caractérisent notre désormais célèbre ancêtre de 3,2 millions d’années. L’âge obtenu par Maurice et ses collaborateurs est garanti par des datations radiométriques (potassium-argon et argon-argon) sur les coulées de laves et les cendres volcaniques et par la magnétostratigraphie des inversions du champ magnétique terrestre. Lucy est le squelette le plus complet obtenu, mais d’autres fossiles d’homininés ont été depuis découverts dans la dépression de l’Afar, déterminant de nouvelles espèces d’australopithèques et de nouveaux genres (dont le genre humain (Homo) apparition datée de 2,6 Ma dans cette même formation d’Hadar.

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Hadar, série Lucy

Depuis les années 1980, avec la fermeture de l’Ethiopie, les expéditions et recherches de Maurice s’orientèrent vers les formations plio-quaternaire des lacs et paléolacs du rift, et des lacs de cratères volcaniques de type Maar au Kenya, en Tanzanie et au Maroc. Les expéditions de terrain et de carottages dans ces bassins lacustres, subventionnées par des programmes internationaux (dont CCE) ont apporté des moissons de découvertes majeures sur l’évolution du climat et de l’environnement en Afrique de l’Est et du Nord.

Avec ses éclatants rires et sourires, barrés de son éternelle clope au bec, Maurice témoignait d’une exceptionnelle énergie, porteuse d’un optimisme vainqueur.

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Maurice Taieb, Donald Johanson et Michel Brunet

Au nom de tous ses proches collaborateurs, élèves et collègues de tous les pays.

Nicolas THOUVENY Professeur Aix-Marseille Université, Directeur de l’OSU Institut PYTHEAS

1. Laboratoire de Géologie du Quaternaire, UPR 1201, Meudon-Bellevue, déplacé sur Marseille Luminy, en 1977, puis rattaché en 1995 au Centre Européen de Recherche et d’Enseignement de Géosciences de l’Environnement (Aix en Provence).

Classé sous :Paléontologie Balisé avec :Communiqué de presse

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