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Ressources – OSU Institut Pytheas

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Résultat scientifique

Les migrations de l’Homo erectus javanais il y a 1,8 millions d’années environ

14 novembre 2022 by osuadmin

La migration des Homo erectus en Asie du Sud-Est au Pléistocène précoce est un élément essentiel à notre compréhension de l’évolution du genre Homo. Or, la restitution d’une histoire plausible bute à la fois sur une chronologie controversée et sur la connaissance trop parcellaire de leur environnement en rapide évolution. Il s’agit donc de déterminer la période de dispersion des H. erectus en Asie du Sud-Est, de reconstruire leur environnement à cette période, et de déterminer leurs trajectoires migratoires. Une équipe de scientifiques, dont certains CNRS-INSU (voir encadré) a mené un travail selon une méthode inédite de reconstruction globale qui permet de retracer la chronologie du peuplement de l’Asie du Sud-Est.

L’étude comporte trois volets : (1) Tout d’abord, en utilisant la méthode de datation par nucléides cosmogéniques (10Be et 26Al) pour la première fois pour l’Homme de Java, l’équipe a constaté que les H. erectus se sont déployés à Sangiran (Java) vers 1,8 Ma. Cet âge étonnamment ancien, proche de celui des plus anciens H. erectus chinois ou géorgiens, impose de réviser les modalités de circulations en Asie continentale. (2) Ensuite, en adossant des méthodes numériques de reconstruction des paysages à un faisceau d’observations géomorphologiques, le contexte physiographique régional a été établi. Celui-ci était fondamentalement différent de l’Actuel, puisqu’il proposait des conditions continentales hospitalières sur l’ensemble de la Sonde (la plateforme continentale semi-inondée couvrant l’ouest de l’Asie du Sud-Est) tandis que l’île de Java émergeait tout juste de l’océan et se connectait à la Sonde. (3) Enfin, en appliquant des simulations numériques de déplacements écologiques aux hominidés, l’équipe a pu établir de façon inédite les chemins de migrations et lieux d’accumulation les plus probables des H. erectus au travers de ces paysages reconstruits.

Il ressort que la dispersion des H. erectus au travers de la Sonde s’est établie sur des dizaines ou centaines de milliers d’années, un temps suffisamment long pour que les changements dans leur environnement physique -climatique ou physiographique- aient influé sur les processus migratoires et comportementaux des H. erectus. Cette nouvelle approche offre un nouveau cadre pour évaluer l’évolution des hominidés.

Voir en ligne : L’article sur le site de l’INSU

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Classé sous :Surface continentale Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

La distribution de matière noire la plus précise jamais mesurée dans un amas de galaxies

24 juillet 2014 by osuadmin

Utilisant le télescope spatial Hubble (NASA/ESA), une équipe internationale d’astronomes a pu cartographier la masse d’un amas de galaxies avec la plus grande précision jamais obtenue. Cette étude réalisée à partir des observations du programme ‘Hubble Frontier Fields’ a permis de dresser une carte montrant la quantité ainsi que la distribution de la masse dans l’amas MACSJ0416.1-2403. Cet amas de galaxies très massif « pèse » 160 000 milliards de fois plus que le Soleil. La précision et le détail obtenus avec cette carte a été possible grâce à la profondeur sans précèdent des nouvelles observations faites avec Hubble, combinée à l’effet de lentille gravitationnelle.

Afin d’explorer le contenu des amas de galaxies, les astronomes utilisent souvent une astuce observationnelle : l’effet de lentille gravitationnelle créé par les amas de galaxies sur les rayons lumineux provenant de galaxies d’arrière plan. Cela fait de l’amas de galaxies un télescope (naturel) cosmique !

L’ambitieux programme d’observation « Hubble Frontier Fields » compte sur cet effet pour parvenir à son but principal : observer les premières galaxies de l’Univers – et ce en observant six amas de galaxies, parmi les plus massifs connus, incluant MACSJ0416.1-2403.

L’amas de galaxies MACSJ0416.1-2403
L’un des six amas observé par le télescope spatial Hubble dans le cadre du programme Frontier Fields. La distribution de matière noire estimée grâce à l’effet de lentille gravitationnelle apparaît en bleu sur la figure de gauche. Les arcs gravitationnels utilisés pour les reconstructions apparaissent encerclés en rouge sur l’image de droite.
Crédit : ESA/Hubble, NASA, HST Frontier Fields.

Remerciements : Mathilde Jauzac (Durham University, UK and Astrophysics & Cosmology Research Unit, South Africa),Jean-Paul Kneib (École Polytechnique Fédérale de Lausanne, Switzerland)) Eric Jullo (Laboratoire d’Astrophysique de Marseille/CNRS/Université d’Aix-Marseille) et Marceau Limousin (Laboratoire d’Astrophysique de Marseille/CNRS/Université d’Aix-Marseille)

Dans notre Univers, les fortes concentrations de masse déforment l’Espace-Temps autour d’elles. Elles agissent comme des lentilles, amplifiant et courbant la lumière émise par des objets plus distants qui les traverse.

Malgré leur masse très élevée, l’effet que les amas de galaxies produisent dans leurs régions extérieures (là où ils sont moins denses) est généralement minimal et ne peut être visible à l’œil. C’est ce que l’on appelle l’effet de lentille gravitationnelle faible, qui fait apparaître les galaxies distantes très légèrement déformées, avec une forme légèrement plus elliptique. Cependant, si l’amas est suffisamment étendu et massif, et que l’alignement entre l’amas et les objets distants est parfait, les effets observés peuvent plus spectaculaires. Les images de galaxies peuvent être déformées en anneaux et en arcs étendus de lumière, et peuvent apparaître plusieurs fois. La position et la forme de ces images multiples dépendent de la distribution de masse dans l’amas. C’est ce que l’on appelle l’effet de lentille gravitationnelle forte, et c’est ce phénomène, observé dans les six amas de galaxies ciblés par le programme « Hubble Frontier Fields », qui a été utilisé afin de tracer la distribution de masse dans MACSJ0416.1-2403, en utilisant les nouvelles données Hubble.

« La qualité des données nous permet de voir des objets extrêmement faibles, et nous a permis d’identifier beaucoup plus de galaxies lentillées que nous n’en connaissions auparavant. » explique Mathilde Jauzac de Durham University (Royaume-Unis) et Astrophysics & Cosmology Research Unit (Afrique du Sud), premier auteur de cette nouvelle publication « Frontier Fields ». « Même si l’effet de lentille forte amplifie les galaxies distantes, elles restent très lointaines et très peu brillantes. La profondeur atteinte avec les données « Frontier Fields » nous permet d’identifier des galaxies incroyablement distantes. Ces observations de MACSJ0416 nous ont permis de multiplier par quatre le nombre de galaxies lentillées connues ! »

Utilisant l’instrument ACS (Advanced Camera for Surveys), ce groupe international d’astronomes a identifié 51 nouvelles galaxies lentillées, multipliant par quatre le nombre de ces objets identifiés avec les observations précédentes, et portant le nombre total à 68. Cela correspond à presque 200 images de ces galaxies visibles dans MACSJ0416. Ce sont ces galaxies lentillées qui ont permises à Mathilde Jauzac et ses collaborateurs de reconstruire la distribution de matière visible et noire dans l’amas avec une précision jusque là inégalée. « Notre carte de masse est deux fois plus précise que celles obtenues avec les modèles précédents de cet amas ! » précise Mathilde Jauzac.

« Bien que nous sachions depuis plus de 20 ans comment reconstruire la masse d’un amas de galaxies en utilisant l’effet de lentille forte, il a fallu beaucoup de temps pour obtenir des télescopes capables d’observations de cette profondeur et de cette qualité, ainsi que pour obtenir des modèles suffisamment sophistiqués pour nous permettre d’obtenir une telle précision dans la cartographie de la masse d’un système aussi compliqué que MACSJ0416. » explique Eric Jullo membre de l’équipe et astronome adjoint au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille..

Les observations « Frontier Fields », combinées à l’effet de lentille gravitationnelle ont ainsi permis d’ouvrir la voie vers une caractérisation plus précise des objets cosmiques distants – dans le cas actuel, un amas tellement lointain que sa lumière a voyagé pendant 4.5 milliards d’années avant de nous parvenir,.« Nous n’allons pas nous arrêter là. Afin d’obtenir une image globale de la distribution de la matière dans MACSJ0416, nous allons inclure des mesures de l’effet de lentille faible. Bien que t cet effet ne donne qu’une estimation peu précise de la masse dans les régions très centrales de l’amas – les plus denses –, il est néanmoins très important si l’on souhaite obtenir des informations sur la masse présente dans les régions externes de l’amas, » ajoute Jean-Paul Kneib, directeur de recherche au CNRS, en détachement à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse et l’un des membres de l’équipe.

Cette équipe de recherche continue à étudier cet amas en utilisant les données ultra-profondes de Hubble combinées aux informations détaillées provenant de l’analyse des effets de lentille forte et faible, afin de cartographier la masse à la fois dans les régions externes et internes de l’amas. Cette combinaison leur permet de détecter des sous-structures autour de l’amas. Combinant les observations de Hubble avec des mesures dans les rayons X du gaz chaud et du mouvement des galaxies, ces astronomes vont pouvoir cartographier les différentes composantes de l’amas, à savoir la matière noire, le gaz, et les étoiles.

La combinaison de toutes ces données va permettre d’améliorer l’actuelle carte de masse, permettant une vision en trois dimensions de la distribution de matière et montrant la dynamique des galaxies au sein de l’amas. Ce travail ouvre la voie vers une meilleure compréhension de l’histoire et de l’évolution de cet amas de galaxies.

Les résultats de cette analyse ont été publiés en ligne dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society le 24 Juillet 2014.

Classé sous :Univers Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

Collision Cosmique dans le Bullet Group

6 juin 2014 by osuadmin

Deux astronomes français, l’un travaillant à l’IRAP (OMP, Université Paul Sabatier de Toulouse et CNRS) et l’autre au LAM (Institut Pythéas, Université d’Aix-Marseille et CNRS), viennent de contribuer à la cartographie de la distribution de galaxies, de gaz chaud et de matière noire au sein du Bullet Group. Ce travail fait l’objet d’un article parut le 6 juin 2014, au sein de la revue MNRAS.

Les galaxies ne sont pas aussi isolées qu’il y paraît ; à l’échelle cosmique, elles se rassemblent en amas avec la matière noire et le gaz chaud. Sur cette image composite constituée à partir des données issues de plusieurs télescopes dont le télescope XMM-Newton de l’ESA figure, sous l’aspect d’une tâche colorée, un ensemble de galaxies baptisé Bullet Group. Ses constituants se distinguent nettement les uns des autres : ainsi le gaz chaud, de couleur rouge, et la matière noire, de couleur bleue. Cette distribution particulière résulte d’un processus de fusion s’étant produit dans le passé 1.

En dépit des grandes distances qui les séparent, les galaxies sont rarement isolées dans l’espace. Elles constituent bien souvent de grands ensembles baptisés groupes et amas de galaxies. De taille modeste, les groupes sont composés d’une cinquantaine de galaxies liées entre elles par la gravité. De dimensions plus élevées, les amas rassemblent quant à eux des centaines, voire de milliers de galaxies. Ces structures renferment également de vastes quantités de gaz chaud qui remplit l’espace entre les galaxies et brille intensément dans les régions X du spectre électromagnétique. Enfin, la matière noire, qui n’émet aucune lumière mais exerce des effets gravitationnels sur les autres objets, domine largement le budget de masse au sein de ces groupes et amas.

Cette matière noire invisible influe sur la distribution des galaxies et du gaz chaud au sein d’un groupe ou amas ; ses effets gravitationnels jouent un rôle prépondérant dans la création des structures cosmiques à grande échelle. Bien souvent, les galaxies et le gaz chaud se situent dans des poches d’univers caractérisées par les plus grandes densités de matière noire. Toutefois, lorsque des groupes ou des amas de galaxies entrent en collision, leurs constituants respectifs ne se mélangent pas parfaitement. Ces chocs cosmiques donnent lieu à de curieuses configurations : ainsi, le gaz chaud, constitué de la matière baryonique ordinaire d’un groupe ou d’un amas, se trouve éloigné des galaxies et de la matière noire.

Cette image de l’objet SL2S J08544-0121 baptisé Bullet Group laisse à penser que la formation de ce groupe résulte d’une collision de ce type. Le gaz diffus qu’il contient est si chaud qu’il émet un intense rayonnement X détecté par l’Observatoire XMM-Newton de l’ESA, figuré ici en rouge. Le gaz chaud occupe une bulle de vastes dimensions, tandis que la matière noire (figurée en bleu) et les galaxies semblent être divisées en deux parties distinctes.

Les astronomes pensent que la tâche située à droite de l’image s’est comportée à l’image d’une « balle », se déplaçant de l’extrémité inférieure gauche à l’extrémité supérieure droite de l’image. Au cours de ce processus, elle est entrée en collision avec l’autre sous-structure du groupe puis l’a traversée de part en part.

Les collisions de groupes et d’amas de galaxies se traduisent par le mélange de leurs contenus respectifs. Toutefois, chaque constituant se comporte différemment : ainsi, bien que les galaxies et la matière noire issues de chaque groupe ou amas aient pris part à la formation du Bullet Group, elles n’ont pratiquement pas été affectées par cet événement et sont restées confinées au sein de leurs sous-structures originales, comme en témoigne cette image. Au contraire, les particules de gaz chaud des deux groupes sont entrées en interaction électromagnétique les unes avec les autres, ce qui aboutit à la formation d’un vaste nuage de gaz chaud – de couleur rouge sur cette image.

Cette séparation du gaz, des galaxies et de la matière noire a été observéee dans plusieurs amas de galaxies massifs, au premier rang desquels figure le célèbre Bullet Cluster. Toutefois, elle n’a encore jamais été observée au sein d’objets de plus faible masse tels que des groupes de galaxies. Le Bullet Group constitue ainsi la structure la plus petite au sein de laquelle cet effet a été observé.

Bien qu’elle ne soit pas visible à l’œil nu – ni au travers du moindre télescope, les astronomes ont été en mesure de dresser les contours de la matière noire qui emplit le Bullet Group. Pour ce faire, ils ont mesuré son impact gravitationnel sur la lumière en provenance de galaxies lointaines, situées derrière le groupe. Un objet massif tel qu’un groupe de galaxies déforme localement l’espace-temps, lui assignant une courbure particulière. Lorsque la lumière issue de galaxies plus lointaines passe à proximité de ce groupe, elle épouse les contours de cet environnement. S’ensuivent l’apparition de curieux effets optiques. Cette distorsion se nomme effet de lentille gravitationnelle.

Si l’objet lentille est très massif et constitue, depuis la Terre, un alignement avec la source de lumière, cet effet devient saisissant : les galaxies situées en arrière plan semblent se distribuer en anneaux ou en arcs de cercle sur le fond du ciel ; parfois même, des images multiples d’une même galaxie se forment.

Un tel effet se manifeste à droite du centre de l’image : une galaxie sphérique et brillante du Bullet Group est entourée de curieux arcs de lumière – il s’agit là de l’image déformée d’une autre galaxie située en arrière plan.

L’étude des constituants de ces naufragés cosmiques permet aux astronomes de mieux définir les propriétés de la matière noire. En particulier, la scission entre matière noire et gaz chaud permet de contraindre la présence (ou l’absence) d’interaction entre la matière noire et la matière ordinaire, et ainsi d’en savoir un peu plus sur cette mystérieuse composante. La possibilité d’observer cet effet au sein d’objets de plus faibles dimensions tel que le Bullet Group, en nombre nettement supérieur à celui des amas de galaxies plus massifs, ouvre de nouvelles perspectives d’étude du rôle de la matière noire à l’échelle de l’univers tout entier.

Image composée du Bullet Group
Image composée du Bullet Group montrant des galaxies, du gaz chaud (en rose) et de la matière noire (indiquée en bleu).
Crédit : ESA / XMM-Newton / F. Gastaldello (INAF/IASF, Milano, Italy) / CFHTLS
1. Cette image composite est constituée d’une image acquise par l’observatoire XMM-Newton de l’ESA dans le domaine X (le gaz chaud en rouge), d’une image optique (RVB) acquise par le Télescope Canada-France-Hawai (CFHT), et en bleu des contours de la matière noire, issue d’une analyse à partir des données provenant du CFHT, du Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA et de l’Observatoire W.M. Keck. En avant-plan surgissent de brillantes étoiles qui peuplent notre galaxie.

Classé sous :Univers Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

Parution dans Nature : « Reconciliation of the carbon budget in the ocean’s twilight zone »

19 mars 2014 by osuadmin

Publié en ligne dans la revue Nature le 19 mars 2014, cet article qui implique Christian Tamburini, chercheur du MIO et Mehdi Boutrif, doctorant, traite du rôle de l’océan profond dans le cycle du carbone.

Environ 100 gigatonnes de carbone organique sont produits chaque année, sous l’effet de la photosynthèse dans l’océan de surface. Cinq à quinze pour cent sont exportés dans l’océan profond. Le taux de conversion de ce carbone en dioxyde de carbone par des organismes hétérotrophes en profondeur est un important élément de contrôle du stock de carbone dans l’océan.

Voir en ligne

 

Classé sous :Océan Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

Datation du plus vieil hominidé de Turquie, le chaînon manquant entre l’Europe et l’Afrique ?

15 mars 2014 by osuadmin

Une équipe franco-turque, codirigée par le Centre de Recherche en Géosciences de l’Environnement (CNRS, Université d’Aix-Marseille Aix-en-Provence), le laboratoire Histoire naturelle de l’Homme Préhistorique (CNRS, MNHN) et l’Institut de paléontologie humaine (Paris) a pu dater à plus de 1 à 1,1 millions d’années les dépôts renfermant l’homme de Kocabas, le plus vieux fossile d’hominidé découvert en Turquie. Ce résultat précise l’histoire de la dispersion des hominidés. Une étude parue dans la revue Earth and Planetary Science Letters.

La dispersion du genre Homo à partir de son berceau africain vers l’Eurasie, avec en particulier les relations entre Asie orientale (Indonésie, Chine) et Europe de l’Ouest, reste encore très mal connue du fait de la rareté des fossiles géographiquement intermédiaires. En particulier le nombre de vagues de colonisation et leur époque, par différentes espèces (ergaster, erectus, antecessor…) dont la distinction est sujette à controverse, est disputée. C’est pourquoi la datation du plus vieil hominidé de Turquie, retrouvé dans un travertin du bassin de Denizli (dans une formation voisine du fameux travertin de Pamukkale) était très attendue. Bien peu de reste d’hominidés sont connus en Turquie, principalement des Homo neanderthalensis dans la grotte de Karain.

Le crâne, récupéré par MC Alcicek de l’Université de Pamukkale, est morphologiquement proche des fossiles éthiopiens datés entre 1 et 1,6 Ma et pourrait donc correspondre au passage de la « première vague » d’Homo erectus en Europe, datée vers 1 à 1,3 Ma en Espagne, France et Italie. Par contre coté asiatique (Géorgie, Chine et Java) l’arrivée du genre Homo serait antérieure (autour de 1,6 à 1,8 Ma).

La datation directe des fragments de crâne découverts n’étant pas possible, ce sont les sédiments qui les contenaient qui ont été analysés par différentes méthodes 1 (nucléides cosmogéniques, magnétostratigraphie, paléontologie des mammifères). Les auteurs ont ainsi pu dater la fin du dépôt des travertins à plus de 1,1 Ma grâce à l’étude détaillée d’une coupe continue de plus de 120 m de haut affleurant dans des carrières de travertins.

Cette datation est donc cohérente avec l’hypothèse d’un passage de l’Homo erectus africain par l’Asie mineure dans sa conquête de l’Europe. Techniquement elle illustre une nouvelle fois, après les succès obtenus par le CEREGE au Tchad (datation de Toumai) et en Inde (datation des premières industries à bifaces), les potentialités majeures des méthodes utilisant les nucléides cosmogéniques (10Be atmosphérique et couple 26Al/10Be ), combinée à la magnétostratigraphie, pour dater les séries continentales à hominidés. Les techniques de datation précédemment développées étaient en effet limitées à moins de 1 Ma environ.

 

1. Concrètement la méthode appliquée a consisté, à partir d’une étude stratigraphique détaillée, à déterminer la polarité du champ magnétique enregistré en continu sur l’ensemble de la coupe et à comparer cette polarité à l’échelle de référence des inversions du champ magnétique terrestre. L’ensemble de la coupe montre une polarité inverse (champ vers le sud) sauf un petit intervalle normal (champ identique à l’actuel) coiffant le travertin où a été trouvé le fossile. La méthode 26Al/10Be est basée sur la décroissance, après enfouissement, de ces isotopes radioactifs produits lors de l’exposition au rayonnement cosmique de galets de quartz initialement présents en surface. Divers niveaux de galets étudiés ont permis d’encadrer la couche de travertin fossilifère entre 1,6 et 1,1 Ma. L’événement normal est donc soit celui de Jaramillo (base à 1,07 Ma) soit celui de Cobb Mountain (base à 1,21 Ma). L’abondante faune de mammifères (chevaux, cervidés, rhinoceros, éléphant, girafe, etc.) typique de la fin du Villafranchien, est aussi compatible avec cette fourchette d’âge.

Classé sous :Paléontologie Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

Cap sur les fronts marins

10 décembre 2013 by osuadmin

Omniprésents dans l’océan mais difficilement accessibles en tant que phénomènes ponctuels de petite échelle, les fronts ont un impact sur le climat de la planète. Des chercheurs de l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO/PYTHÉAS, CNRS / Université d’Aix-Marseille / Université de Toulon / IRD) et du Laboratoire d’océanographie et du climat expérimentation et approches numériques (LOCEAN/IPSL, UPMC / CNRS / MNHN / IRD) ont mis en place une stratégie adaptée pour approcher un front lors d’une campagne océanographique qui s’est déroulée dans le golfe du Lion. Ils ont ainsi pu repérer et étudier précisément les mouvements en surface d’un front d’une largeur de 1 à 4 km, un travail de mesures in situ rarement effectué sur de tels phénomènes.

Avec le développement des modèles climatiques à large échelle, le rôle des échanges d’eaux océaniques dans la régulation du climat est de mieux en mieux connu. Cependant, ces échanges se produisant au niveau des structures de petite échelle que sont les fronts, il n’est possible de bien les appréhender qu’en travaillant à cette petite échelle. Depuis une dizaine d’années, l’augmentation de la puissance des moyens de calcul a favorisé l’émergence de modèles numériques régionaux de haute résolution, capables de rendre compte des phénomènes de petite échelle et de leur rôle dans les transports d’énergie et de matière, ce qui a permis d’améliorer la compréhension de la dynamique de sub-mesoéchelle. Toutefois, pour que le rôle des fronts soit pris en compte dans les modèles climatiques prédictifs à grande échelle, il est nécessaire de quantifier des paramètres clés à l’aide de mesures in situ, ce qui reste un véritable défi, les fronts étant par essence chaotiques, aléatoires et évanescents.

Afin de relever ce défi, plusieurs laboratoires se sont mobilisés pour organiser la campagne océanographique LATEX10  1 qui s’est déroulée dans le golfe du Lion à bord du Téthys II, du 7 au 24 septembre 2010. L’objectif de cette campagne était d’évaluer un coefficient représentatif de la dispersion et du mélange des eaux dus aux écoulements turbulents au niveau d’un front, coefficient qui impacte la dynamique et la régulation des processus biologiques ainsi que les flux de carbone vers l’océan profond.

Une stratégie adaptée, basée sur une observation intense et continue du golfe du Lion combinant données satellitaires, données issues des modèles régionaux et mesures in situ, a été mise en place pour repérer les écoulements turbulents. Les informations émises par les vigiles satellitaires  2 parvenaient en temps quasi réel aux scientifiques embarqués et étaient traitées aussitôt. Ces calculs immédiats amenaient à programmer des changements de cap toutes les six heures afin de diriger le bateau vers la zone d’écoulement turbulent. Une fois le front atteint, les informations renvoyées par les différents capteurs de température et salinité installés sur le navire ainsi que par les bouées dérivantes lâchées dans la zone étaient traitées à bord, mixées aux modèles prévisionnels et aux données satellitaires, pour redéfinir une nouvelle stratégie d’approche du front.

Cette stratégie s’est avérée fructueuse. Elle a permis aux scientifiques de repérer un front d’une largeur de 1 à 4 km et d’étudier d’une façon précise les mouvements créés en surface. En revanche, l’activité en profondeur au niveau du front n’a pu être prise en compte avec l’instrumentation utilisée, car les capteurs altimétriques dont sont équipés les satellites actuels ne sont capables de sonder les courants sous la surface qu’avec une résolution de plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui est insuffisant pour travailler à l’échelle des fronts.

Pour étudier l’activité en profondeur, un profileur à la pointe du progrès, le Moving Vessel Profiler (MVP), sera utilisé lors des futures campagnes SeaGoLSWOT. Organisées en collaboration avec la NASA et le CNES, ces campagnes viendront en support de la mission SWOT/AirSWOT, dont l’objectif est le développement d’un capteur satellitaire altimétrique de nouvelle génération à très haute résolution qui devrait permettre de déterminer avec plus de précision la dynamique de fronts, même près des côtes. Outre leur importance en océanographie et en climatologie, de telles recherches peuvent aussi aider à appréhender des phénomènes tels que la dispersion des polluants dans les eaux océaniques ou la sécurité en mer.

1. Cette campagne s’inscrit dans le cadre du programme LATEX financé par LEFE/IDAO – CYBER et la Région PACA. Ce programme vise à caractériser et quantifier les transferts de matière entre la côte et le large dans la partie ouest du talus continental du golfe du Lion (Méditerranée occidentale), en liaison avec les processus hydrodynamiques.
2. Les informations satellitaires utilisées étaient la température de surface et la couleur de l’eau, cette dernière informant sur l’activité biogéochimique de la masse d’eau, dont les variations brusques et simultanées permettent de localiser les fronts.

Classé sous :Océan Balisé avec :Communiqué de presse, Résultat scientifique

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